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5) Les templiers.

« Ils vivent sans avoir rien en propre, pas même leur volonté.Vêtus simplement couverts de poussière, ils ont le visage brûlé des ardeurs du soleil, le regard fier et sévère; à l’approche du combat, ils s’arment de foi au dedans et de fer au dehors; leurs armes sont leur unique parure; ils s’en servent avec courage dans les plus grands périls, sans craindre le nombre, ni la force des barbares.

 

 

 Toute leur confiance est dans le Dieu des armées, et en combattant pour sa cause, ils cherchent une victoire certaine ou une mort sainte et honorable.

O l’heureux genre de vie, dans lequel on peut attendre la mort sans crainte, la désirer avec joie et la recevoir avec assurance ».

Saint Bernard de Clairvaux.

 

Nous voguons depuis trois jours en longeant les côtes françaises, nous allons passer entre la Corse et l’Italie, direction sud, le détroit de Messine entre la Calabre et la Sicile.

Je suis malade depuis le départ, cela s’appelle le « mal de mer », je vomis toutes les tripes de mon corps, j’ai la nausée, je m’accroche au bastingage car il m’est impossible de tenir debout sur le pont. 

Je ne suis pas le seul, la plupart des chevaliers et des manants présents sur le bateau n’ont jamais navigué, et ressentent le même mal, nous sommes tous des terriens, habitués à la solidité de nos terres et de nos rochers, et Dieu nous demande de devenir des marins; il paraît que le déséquilibre que nous ressentons va s’apaiser avec le temps, les hommes de mer parlent de « s’amariner », s’acclimater au roulis et au tangage du vaisseau.

Parmi les nombreux croisés présents sur le bateau, j’ai sympathisé avec plusieurs templiers, qui partent  pour soutenir  larmée permanente des États latins d’Orient, à la demande du roi de Jérusalem Baudouin II, aux côtés des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et des Teutoniques, les deux autres principaux ordres religieux et militaires.

 

L’ordre des pauvres chevaliers du Christ, ou chevaliers du temple a été fondé après la première croisade, et la prise de Jérusalem en 1099, par huit chevaliers groupés autour du champenois Hugues de Payns. En 1118, Baudoin II, leur offre une maison, située sur l’emplacement de l’antique temple de Salomon d’où leur nom.

Mais c’est Saint Bernard de Clairvaux qui donne l’impulsion décisive, qui va imposer définitivement les templiers dans l’Eglise en faisant approuver leur fondation par le concile de Troyes en 1128 et en assurant la propagande de l’ordre dans son traité:  « De laude Novae Militiae »*. Les missions qu’ils se fixent sont de sécuriser les routes de pèlerinage, d’assurer la sécurité des pèlerins, et la garde des lieux saints. Le concile se réunit le 14 janvier 1128 dans la cathédrale de Troyes, présidé par le légat du pape, le cardinal Mathieu d’Albano, en présence des archevêques de Sens et de Reims, de dix évêques, d’une foule d’abbés, de scoliastes* et de clercs. 

 

La générosité des grands, nobles et ecclésiastiques, mais aussi comptes et barons, a permis un développement rapide de l’ordre qui a installé des commanderies templiers partout en Europe.

Les Templiers se répartissent en trois groupes : les chevaliers, les frères servants (ou sergents) et les chapelains qui sont les seuls templiers à être prêtres. Tous sont reconnaissables à la croix rouge qu’ils portent cousue sur leur manteau. Celui des chevaliers est blanc, celui des frères servants, chargés des tâches matérielles, noir ou brun.

 

Les moines soldats, abandonnent leur volonté et doivent obéissance à la discipline militaire de leur communauté dirigée par un grand maître. Organisés selon la règle cistercienne, les templiers, quelque soit leur grade, consacrent beaucoup de temps à la prière, et se tiennent prêts à tout moment, à mourir pour défendre la chrétienté. Ils ne fréquentent aucune femme, et ne possèdent aucune fortune personnelle, ainsi mon maître Jocerand de Brancion a légué toutes ses terres ainsi que son château, à l’ordre qui a fondé les commanderies de Charcuble, d’Ozenay, près de Tournus ainsi que celle de Rougepont sur le grand chemin près de Sennecey le royal. 

Avec les hospitaliers de Saint jean, les templiers ont formé l’armée permanente des états latins d’orient. Ils ont construit des forteresses imposantes: Sazfed, Tortose, Toran, le Krak* des chevaliers,  dominant d'environ 500 mètres la plaine d’El Bukeia. 

 

Près du grand chêne qui déploie son immense ramure, au bord de la grand route, de Chalon à Lyon, là au vieux pays si fort pénétré de la vie de l’esprit, les pauvres chevaliers du Christ, ont élevé la commanderie de Rougepont.

Au bord du ruisseau « merdery », qui sert de frontière entre le  compté de Bourgogne, et le duché, non loin d’un pont fait de briques rouges qui lui donnent son nom. La commanderie, qui est en fait un hospice, servant de relais aux voyageurs et aux pèlerins, a été établie sur le ruisseau marécageux, loin des habitations, à la jonction de deux anciennes routes romaines, celle qui vient de la Bresse, passant la Saône au gué de la colonne, et celle qui vient de Lutèce pour rejoindre Massilia. Le temple de Rougepont relève de la commanderie de Chalon qui possède aussi les temples de Sevrey et de Buxy; il possède des terres à Sens et à la Farge, près de Sennecey, toutes terres données aux chevaliers par notre bon sire Jocerand.

L’hospice des croisés est constitué d’une forte maison, flanqué d’une grosse tour ronde, comprenant le logis des chevaliers, et un dortoir pour accueillir les voyageurs, et d’une longue bâtisse qui s’étire vers la plaine et qui abrite les fenils* et les écuries, ainsi qu’une porcherie. Au levant, les bâtiments, couverts de tuiles romaines, jouxtent une vaste prairie de 20 journaux*, ainsi qu’un bois de chêne et de trembles pour une surface de 15 ouvrées*, dans lequel vont paître les pourceaux des croisés; plus loin les templiers ont aménagé une retenue sur le ruisseau, qui forme un étang où nagent carpes et tanches.

Les sergents élèvent des porcs et des chevaux, et exploitent des terres à Sens et à La Farge, pour leurs besoins en grains et en fourrage.

Sur bateau qui nous mène en Palestine, j’apprends des chevaliers qui ont fait la dernière croisade, ils m’expliquent comment nous avons perdu Jerusalem, en 1244, face aux armées de sarrasins, qui ont mis fin à leur discordes, comment nous avons perdu Tibériade et Ascalon malgré la bravoure des croisés.

La Syrie franque est encerclée, vouée à une prompte disparition, sauf si l’occident vient la secourir en force.

 

 

  

 

 

 

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