Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

1)Le grand départ:

 

L’équipage est parti à l’aube, il a déjà parcouru 7 lieues et Jocerand se retourne une dernière fois: le donjon, les vieilles tours féodales, dentelant leurs crênelures dans le ciel pourpre, et le promontoire qui supporte le château de Brancion ont disparu dans les brumes de ce petit matin de juillet…

 

Les chevaliers sont maintenant au beau mitan de la plaine de la Saône qu’ils ont rejoint par Tournus et qu’ils vont longer jusqu’à cette bonne ville de Lyon. Ils se dirigeront ensuite plein sud par le grand chemin qui mène jusqu’à Marseille, ils doivent rejoindre la formidable armée de Saint louis à Aigues mortes.

Ils retrouveront là-bas, Robert Comte d'Artois et Charles d'Anjou, les frères du roi, qui l'accompagnent. Derrière eux, les plus grands vassaux de la couronne, avec eux, des frères de différents ordres religieux , des fantassins, des cavaliers, des marchands, des aventuriers, de nobles preux , rêvant prouesses et coup d'estoc, tous ici rassemblés par l'ascendant du Roi, l'ardeur de la foi, l'élan de la bravoure ou la recherche du profit.
70 000 hommes au total, engagés sur la voie de la croix, symbole d'unité et partant pour cette expédition, à la suite de celles, que depuis 150 ans, les francs lancent à la conquête des lieux saints au cri de "Dieu le veut".

Pour l’instant Jocerand et ses 25 chevaliers chevauchent paisiblement dans le petit jour, parmi eux: Guichard de Saules, Lambert d'Etrigny, prévôt* de Montaigu, Ulric de Bagé, Guichard de Villario, Guillaume Piseis, Célérier d'Uxelles, Gauvain de Balleure.
Aux nobles bourguignons se sont joint quelques manants, dont un paysan de Laives, Gaultier le Franc, Galerius Francus, Huguenin Plumeron, forestier de la Vesvre* de Beaumont et garde de l'étang de Mortain et moi même Louis Prin, écuyer et maréchal-ferrant de messire Jocerand.
J’ai quitté ma forge de Martailly, que j’ai laissée à mon frère, Thibaud, et mon cher pays, je pars aussi sur les traces de mon grand frère parti aux croisades avec celle de Frédéric II parti reconquérir Jérusalem en 1228 il y à maintenant 20 ans. Yves n'est pas rentré de cette croisade, et n'a pas donné signe de vie; j'espère que nous passerons sur ses traces et que j'en apprendrai sur les évènements qu'il a vécu. On dit que de nombreux croisés ont perdu la vie ou ont été faits prisonniers à la célèbre bataille du gué de Jacob, se pourrait il que mon frère soit encore en vie, même captif je serais si heureux de retrouver sa trace.
Le coeur gros, je laisse derrière moi, ma montagne de Martailly, la plaine plaquée de prairies où scintillent les taches blanches des bœufs ruminant leur songe, couchés dans l'herbe; la plaine ourlée de chemins poussiéreux, festonnée de haies, quadrillée de cultures, et le réseau diapré des sillons qui semble un vaste métier à tisser tendu par Dieu aux tisserands de la terre.

Je laisse les champs et les pâturages arrosés par le Grison qui leur donne sa fraîcheur et baigne l'orée de la forêt de Chapaize. Je quitte ce doux pays où l'on sent monter, de la terre rugueuse, la sève qui fait les riches pâturages, les chênes solides, les vins savoureux et les caractères indépendants.
Je quitte ma forêt, accueillantes et nourricière, humide encore du frisson mouillé du matin, qui essore lentement au soleil, sa ramure demi-voilée dans la brume légère qui monte de la rivière et flotte en traînées floconneuses sur la longue bordure des chênes et des peupliers.

Un pâle soleil perce maintenant à travers la brume matinale, l’équipage a fière allure, le chevalier de tête, Landric de Brancion, chevalier, parent de Jocerand porte la bannière d’azur à trois faces ondées d’or des sires de Brancion, sur laquelle on a brodé leur devise: « Au plus fort de la mêlée!».


Jocerand a dépensé vingt sols et huit deniers pour équiper ses prud’hommes: les gambillons, vêtements rembourrés permettant d'amortir les chocs subis par le combattant, les hauberts*, les camails*, les heaumes*, les écus, tout est neuf, hormis les épées, les hallebardes et les haches, et de bonne facture.
Les vêtements ont été cousus par un tisserand de Chapaize, et le reste forgé par Guillaume Chareau, compagnon armurier de Tournus.

Ont été achetés également six nouveaux étalons, forts et braves destriers, quatre palefrois* pour tirer les charrois, tous ferrés à neuf, à Arnoul de Chastenay, écuyer à Nogent, et aussi douze arbalètes.

Voila bien douze heures que nous cheminons, cavaliers sur leurs montures, manants à pied, au travers de la campagne; nous avons fait une courte halte à la commanderie des templiers de Senozan, pour faire boire les chevaux et nous restaurer. La cloche de la chapelle de la maison templière sonnait sexte*, quand le convoi a reprit la route.


Nous voici désormais en vue de la commanderie de Belleville où les chevaliers du temple vont nous accueillir.

 

Commentaires

  • VIte; la suite...!!!

  • Content que ça t'ai plu, j'aimerais discuter de ton ancienne proposition...tes conseils sont lumineux et redoutables...Bien à toi, Louis

  • Je vois que je ne suis pas le seul à attendre une œuvre achevée!!!

  • Les pleins et les déliés, avide d'en lire davantage!

Les commentaires sont fermés.