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14) Moi Louis, templier.


Malgré mes supplications Yves a souhaité rester en Palestine parmi ses nouveaux frères de religion dans un pays qui l’a adopté, après une nuit de sanglots et de palabres j’ai admis sa décision et je rentre au pays, sans lui mais heureux de le savoir sain et sauf.


A Aigues-Mortes je dois me séparer à nouveau, de ma douce et rebelle Noùr, qui m’a réconforté si souvent de ses brûlantes caresses, durant ces cinq années, je la laisse sur les plages du midi au moment où l’équipage se met en route pour remonter la vallée du Rhône le 14 juillet 1251.

L’équipage de Jocerand est de retour au pays, nous sommes en vue de notre fameux château de Brancion, que nous voyons émerger de la brume depuis trois lieues, les hommes et les chevaux sont fourbus, je suis passé  devant ma forge de Martailly, les villageois étaient au bord du chemin pour acclamer la bannière des sires de Brancion, mais je n’ai vu ni ma femme ni mon frère Thibaud.
En fait ma femme Marie s’est sentie délaissée à mon départ il y à cinq ans,  s’est rapprochée de mon frère et sa gentillesse et sa sollicitude, les longues soirées d’hiver, les pulsations animales du printemps, ont fait le reste, l’amour les a frappés et mon frère a pris ma place tant à la forge que dans mon lit, je ne leur tient pas rancune, c’est le saint esprit qui unit les coeurs, d’autant mieux que là où je vais aucune femme n’est tolérée.
Messire Jocerand a tenu sa promesse, il va me faire templier, comme lui même:
Je serai écuyer et je continuerai de ferrer les chevaux des frères chevaliers du Christ, les sergents m’ont construit une forge à la commanderie de Rougepont, avec des frères cisterciens venus de la Ferté, j’ai un soufflet flambant neuf et des marteaux forgés par mon frère Thibaud qui garde l’atelier de Martailly.
Pour l’heure nous sommes à l’église de Brancion, ce dimanche 21 septembre 1251, les chevaliers de Sennecey sont tous venus assister à mon adoubement 

Hier, après deux jours de jeûne pour faire pénitence j’ai pris un bain purificateur à la fontaine de Martailly, le soir j’ai passé la nuit à prier assisté de mes deux parrains; aujourdh’hui j’ai été réveillé aux aurores par les deux templiers, on m’a alors revêtu d’une tunique blanche, je me suis confessé, j’ai communié, j’ai écouté la messe et le sermon, puis quand tous les templiers sont là, je m’approche de l’autel, une épée suspendue à mon cou, le prêtre la bénit, puis je m’agenouille devant sire Jocerand qui me demande: »Pour quelles raisons désires tu entrer en chevalerie? Si tu recherches richesse ou  honneurs, passe ton chemin, tu n’en es pas digne! ».
Je pose alors la main sur l’évangile et je prête à voix haute le serment des templiers:


1/ Tu croiras à tous les enseignements de l'Eglise et tu observeras ses commandements.
2/ Tu protègeras l'Eglise.
3/ Tu défendras tous les faibles.
4/ Tu aimeras le pays où tu es né.
5/ Tu ne fuiras jamais devant l'ennemi.
6/ Tu combattras les infidèles avec acharnement.
7/ Tu rempliras tes devoirs féodaux, à condition qu'ils ne soient pas contraires à la loi divine.
8/ Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
9/ Tu seras libéral et généreux.
10/ Tu seras toujours le champion du droit et du bien contre l'injustice et le mal.

Si le chevalier manque à son serment, il est proclamé indigne d'être chevalier.
On le conduit sur une estrade, son épée est brisée et piétinée, son blason est attaché à un cheval et trainé dans la boue. Tous peuvent l'injurier. On le met sur une civière, on le recouvre d'un drap noir et on le porte à l'église comme un mort.
On récite les prières des défunts : il est mort comme chevalier et banni toute sa vie.
Pour l'heure, les pages m'aident à revêtir ma tenue : cotte de maille, cuirasse, brassards et éperons dorés. Puis je ceins l'épée.
Je m'agenouille pour recevoir la collée* : le seigneur me donne 3 coups du plat de son épée sur la joue, ou du plat de la main sur la nuque, en disant : "Au nom de Dieu, de Saint Michel et de Saint Georges, je te fais chevalier. Sois vaillant, loyal et généreux."
On m'amène mon cheval, je met mon heaume, et saute sur le destrier sans toucher les étriers, je pars au galop en renversant de ma lance une série de mannequins.

 

Dès le lendemain de mon adoubement, je m’installe dans la forge flambant neuve de Rougepont, nous sommes en 1251, l’ordre du temple est à son zénith, il possède d’immenses domaines, fruits de legs et de donations, mais éparpillés par tous les pays d’Europe, et, pour un administrateur, d’une accablante diversification juridique.
L’ordre se divise en dix provinces, gardant chacune son originalité, soumises cependant des principes communs. En Orient, il y a trois provinces: Jérusalem, Antioche et Tripoli; en Occident, sept: France, Angleterre, Poitou, Aragon, Portugal, Hongrie et Pouille.
Le grand -maître assisté de ses principaux officiers, régit ces dix provinces, elles-mêmes placées sous l’autorité de leurs commandeurs. Les commandeurs de provinces ont sous leurs ordres les commandeurs de maisons, dirigeants et chevaliers, sergents, frères de métiers des châteaux et des fermes situés dans le ressort de la commanderie.
Les commanderies constituent tantôt des postes militaires, comme celles des marches d’Espagne ou des frontières syriennes, tantôt, et ce sont les plus nombreuses, des domaines ayant pour mission de produire, afin d’alimenter le trésor de guerre, et de recruter de nouveaux adeptes afin d’expédier les renforts incessamment demandés; il ne faut pas oublier que le Temple combat alors sur trois fronts: en Syrie, en Espagne et en Europe orientale.
De prime abord, rien ne différencie la commanderie de Rougepont, des maisons forteresses éparses dans les campagnes alentours, sièges de seigneuries de moyenne importance, hormis peut-être, une certaine rigueur toute militaire dans les lignes architecturales, l’ampleur de La Chapelle et le parfait état de ses ouvrages de défense. Elle étale son carré de murailles, dresse sa pesante tour et son déchiquetage de créneaux, déploie ses théories d’archères* au fond de son vallon boisé.
Au dessus flotte la bannière timbrée de La Croix rouge. Une route conduit vers la porte principale et, de là s’en va serpentant dans l’herbe rejoindre une rivière, et contourne un étang qui brille dans le petit jour.
Des troupeaux sont répandus dans les prairies environnantes; les cheminées du village, des fermes qui dépendent de la commanderie, effilent leurs fumées bleues.
Pénétrons maintenant dans la forteresse; c’est approximativement la « Maison chêvetaine », en réduction, c’est à dire à la fois un château, un couvent et une vaste grange. Il y a le réfectoire des chevaliers, leur dortoir, l’écurie où reposent les destriers et les roussins*, des greniers pour les récoltes, et bien sûr la salle du chapitre et La Chapelle, celle-ci pouvant être ou romane ou gothique.
La commanderie de Rougepont est essentiellement un domaine agricole, elle récolte son blé, son vin, son foin, son bois, sa viande et son poisson,  et vend les surplus, tout étant soigneusement comptabilisé au plus juste.
Le cheptel de la commanderie compte 14 vaches, 5 génisses, 2 taureaux, 90 moutons, 160 brebis, 90 porcs, 8 juments, 8 poulains; tout cela pour le domaine exploité directement par les templiers; car la commanderie a encore ses fermes et ses métairies, dont elle perçoit les revenus.
Elle perçoit aussi des droits sur les foires et l’impôt des donats*; ces donats*, se soustrayant à l’autorité de leurs seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, se donnent au Temple dont ils reçoivent protection, aide efficace et immédiate. 
La politique des templiers envers les humbles, leur justice, si différente de celle pratiquée habituellement par les seigneurs, déconcertent les esprits sceptiques, éveillent des haines durables et donnent lentement corps aux pire des calomnies. Les paysans qui travaillent sous la coupe des templiers, les donats*, se considérent par le simple fait de leur inféodation à l’ordre, comme dégrèvés de la dîme et des redevances seigneuriales; en outre, ils ont droit de sépulture dans le cimetière de la commanderie, privant encore le clergé de ce bénéfice ad mortem. Quand ils se donnent au Temple, la devise est: « je donne mon corps et mon âme, ma terre et mes honneurs à la maison du Temple » Cet engagement solennel comporte en réalité plus d’avantages que de devoirs, et ainsi l’influence de l’ordre rayonne, la communauté templier avec ses chevaliers, ses sergents, ses confrères et ses associés toujours plus nombreux, prend des proportions immenses.

 

Commentaires

  • "" encore 1 ki me pique mon oeuvre dégoût d être un français élevé élimination de l assassin"" envoyé broszzzz

  • Hola jeune turc, domptez votre fougue, point n'ai plagié,tout au plus me suis remembre quelques poussières de souvenirs par un vous évoqués, qui ont germé en mon âme sous forme poétique, soyez en remercier, grand oiseau de nuit.

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