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Une robe rouge sur la table.

Enfant, j'allais régulièrement chez notre voisine une dame  âgée,  pour l ‘aider dans l'entretien de son parc et de son jardin.

 

Une chaude après midi de juillet, je passai le portail de la grande propriété, calme et silencieuse.

Je contournai la belle demeure,   mes pas faisaient crisser les graviers surchauffés de la cour, le parc écrasé de chaleur exhalait des parfums de buis et de tilleul, les oiseaux se taisaient.

 

Toutes les persiennes étaient fermées,  La grande porte était à demi ouverte,  je frappai timidement personne ne répondit, seul le chant des grillons et  le bourdonnement de quelques abeilles dans la vigne vierge rompaient   le silence. 

Je restai quelques instants sur le seuil, au soleil brûlant,  de l'intérieur me parvenait une odeur de cire et d'encaustique.

Dans la pénombre je devinai un intérieur, frais, rangé et propre.

 

Je frappai à nouveau, sans que personne ne réponde, le soleil brûlant mes épaules nues, me poussait à entrer, la fraîcheur  de la pénombre m'attirait . J’écartai  le rideau de lin qu'un léger courant d'air faisait onduler.  

La clarté du jour entra dans le vestibule faisant briller les tomettes rouges sang. 

Je fis un pas à l'intérieur, poussé par une bouffée d'air surchauffé; un parfum capiteux m'accueillit: sur une sellette, je distinguai un bouquet odorant de lys et de roses rouges, se reflétant dans un grand miroir.

 

La maison était comme endormie.

 

Je pénétrai dans le vestibule, une robe rouge avait été déposée sur une table, une paire de petites espadrilles avait été laissée.

Je montai l'escalier prudemment, les marches cirées grinçaient légèrement, et débouchaient dans un salon aux fenêtres ouvertes et aux persiennes closes qui laissaient filtrer  quelques rais de soleil.  

Mes yeux s'habituaient un peu à la pénombre, dans le clair obscur j'apercevais un fauteuil et au delà, un petit lit ou une méridienne.

J'avançai prudemment, le salon débouchait  dans un  couloir silencieux, plus loin la porte dune salle de bain était entrouverte. 

Je rebroussai chemin et repassai par le salon, mes yeux accoutumés à la demi obscurité découvraient alors que quelqu'un reposait sur  le sofa, dans la fraîcheur de la vielle demeure. 

Là sur la méridienne, une jeune fille  était allongée, immobile, elle  dormait, un rayon de soleil allumait des reflets roux dans ses cheveux châtain clair étalés sur un oreiller immaculé.

 

Le drap léger qui la recouvrait à demi avait glissé un peu et découvrait un bras qui pendait jusqu'au sol, où  la main avait abandonné un livre ouvert.  

l'autre bras était replié sur le ventre sous une poitrine aux petits seins fermes et épanouis qui se soulevaient doucement au rythme paisible de sa respiration.

 Une jambe  à demi pliée était  découverte, le rouge des ongles des orteils  vernis  luisaient faiblement, sous un rai de lumière.

Le silence régnait, on entendait seulement la lente respiration de la jeune femme endormie et  le bourdonnement d'une abeille quelque part, qui  cherchait son chemin pour retrouver le soleil et la chaleur.

L'insecte sans doute lassé, s'était  posé sur la cheville et cheminait lentement sur le mollet de  cette longue jambe, jusqu'au genou, remontait la cuisse blanche et lisse, puis disparut sous le drap. 

Les yeux écarquillés j'essayais de voir  mais je ne pouvais qu'imaginer le parcours de l'insecte, sous le voile, à cet endroit si mystérieux pour le garçon de quinze ans que j'étais.

 

 La jeune femme   eut un léger mouvement, le drap glissa, découvrant son mont de vénus, mon coeur  soudain se mit à battre et le sang me vint au visage, battait dans mes tempes.

Hypnotisé, envoûté, je regardais fasciné sidéré, pétrifié incapable de bouger, je suivais le cheminement de l’insecte sur le corps abandonné.

 

L’abeille était là, emmêlée dans le duvet blond roux , cherchant à se dégager, à s'extraire du labyrinthe à la pointe du petit triangle de poils dorés, elle descendit un peu plus profond, aux creux des cuisses.

 

 

A ce moment l’adolescente  eut un léger  mouvement d'abandon, sa  tête tourna légèrement de mon côté, et sa bouche entrouverte laissa passer un soupir.

 

Un  instant  après,  l'abeille libérée, réapparut, plus haut près du nombril,  elle remonta ce corps offert,   puis gravit  un sein, faisant dresser son téton, et enfin  s'envola, reprenant sa recherche de liberté.

Je restai là médusé par l'apparition, les yeux écarquillés, le coeur battant, le feu aux joues,  je me retirai silencieusement , sur la pointe des pieds, redescendit doucement l'escalier.

Pour toujours , pour le restant  de ma vie, j’aimerai les robes rouges, et de ce jour le miel aura pour moi une  saveur toute particulière. 

Commentaires

  • Hum ! Il faut bien faire son éducation d'une manière ou d'une autre, un jour ou l'autre ! Mais jeune homme, vous auriez pu effrayer cette belle demoiselle ! ... Ne lui avez-vous pas "volé" un peu d'intimité ?
    Lui avez-vous raconté un jour votre mésaventure ? Non, bien sûr. Heureusement ou "malheureusement"
    les portables n'existaient pas......
    Le texte est osé, mais dans les livres romantiques, de pareilles scènes sont parfois décrites. Je ne le trouve pas déplacé, les mots ne sont pas vulgaires. Et puis.... ben oui, c'est la vie ....

  • Minouche, l'homme en question n'est plus tout à fait jeune et il se peut que sa mémoire lui joue quelque tour... Les plus beaux souvenirs sont parfois ceux que l'on s'invente....

  • Dans la vie, on a besoin de rêves pour avancer, mais parfois, on s'assied dessus.

  • "Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve."
    Antoine de Saint Exupéry.

  • Une jolie histoire ou l'innocence du jeune garçon est belle à entendre !

  • Merci Caline l'innocence est le privilège de l'enfance; sachons la garder le plus tard possible c'est un trésor, savoir s'émerveiller de chaque instant de la vie aussi, bonne journée dans votre si beau Jura.

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