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2)Les maisons et commanderies.

Nous voici désormais en vue de la commanderie de Belleville où les chevaliers du temple vont nous accueillir.
Les maisons et commanderies.
Je connais bien ces moines soldats, c’est moi qui ferre leurs chevaux,


ceux de la seigneurie du temple de Farges, près d’Uchizy, ceux de Charcuble. Ceux de Rougepont sur le grand chemin entre Sennecey le royal et Boyer, à hauteur de « La Farge » viennent également à ma forge de Martailly.
Chaque village possède pourtant son forgeron ou son maréchal, pourtant j’ai été choisi par les chevaliers malgré mon jeune âge, car j’ai été formé par leur maréchal ferrant attitré, le Maître Marius Very, chez lequel j’ai effectué mon apprentissage, après avoir appris de mon père forgeron, et qui a cessé de ferrer à cause de son grand âge.

Les maisons templières abritent toutes nos nuits et la plupart de nos haltes; nous y trouvons des granges accueillantes avec de la paille propre pour y dormir, du fourrage et de l’eau propre pour les chevaux, et le plus souvent une chapelle pour rendre grâce à notre Seigneur et maître Jésus Christ.
Ces commanderies sont des lieux sûrs pour les pèlerins et les voyageurs, qui donc oserait s’attaquer aux moines soldats que sont« pauvres chevaliers du Christ »?

Nous installons donc les chevaux de l’équipage, dans la prairie attenante à la commanderie: chaque bête est attachée à une longe de chanvre fixée à un pieu planté dans le sol.
Avec l’aide de Gaultier, je dois conduire six chevaux déferrés à la forge d’un maréchal-ferrant de Belleville; s’il n’a pas les fers adaptés, je puiserai dans le stock que j’ai forgé et chargé dans un des charrois. J’ai également forgé deux boisseaux* de clous pour le long voyage qui doit nous conduire jusqu’en Palestine.
Ce travail accompli nous rentrons à la commanderie, pour nous désaltérer et avaler notre souper.
Cette nuit je puis dormir, c’est Gaultier et Huguenin qui se relaieront pour garder et surveiller les montures.
A l’aube nous reprenons notre voyage, les paysans et les villageois sont nombreux à s’attrouper dans tous les bourgs et villages que nous traversons; ils nous acclament et applaudissent à notre passage, nous donnent des victuailles: Des poulets, des chapons, du blé, de l’orge ou de l’avoine, parfois un baril ou une feuillette de vin…
Ils nous renseignent également sur le passage d’autres équipages passés avant nous: les barons du Forez, les seigneurs du maconnais, du charolais, du bourbonnais, de la Bresse et du rude Morvan sont déjà en route, et nous précèdent de quelques heures.
A Villefranche, à la pause de midi, nous sommes rejoints par les chevaliers et seigneurs de Beaujeu, Herbert de Sennecey, Rainulphe d'Odenas, Archambaud le Blanc et 22 autres gentilshommes.

Nous arrivons, chevaux fourbus et gens exténués, à Lyon; une bonne partie de la grande ville, depuis Saint-Nizier jusqu'à Bellecour est occupée, par la commanderie des templiers à proximité du couvent des Jacobins et de la commanderie de Saint-Antoine, entre le quai des Célestins et la via «  intermedia publica * ».

En repartant au petit jour la troupe s’est encore agrandie des croisés de la Dombes et du Bugey, arrivés la veille à la nuit tombante; nous cheminons maintenant en une longue cohorte de 250 chevaliers auxquels s’ajoutent autant de marchands, paysans, religieux, moines, chemineaux et diseuses de bonne aventure.
A mesure que nous nous rapprochons de la Provence notre cortège grossit, les commanderies et leurs granges ne peuvent plus nous accueillir en totalité, et la plus grande partie de la troupe dort maintenant à la belle étoile hormis les chevaliers et leurs servants.
Les maisons templières s’enchainent comme les grains d’un chapelet: Clansayes près de Saint-Paul-Trois-Châteaux, la Garde-Adhémar près de Montélimar, Avignon et Arles dernière étape avant le tout nouveau port d’Aigues mortes, d’où nous embarquerons pour la lointaine Palestine de notre Seigneur Jésus.
C’est Saint Louis en personne qui a ordonné et supervisé les travaux de construction d'un port d'embarcation, qui devenait urgente.
En 1246, les travaux de construction de l'actuelle tour de Constance, l'Eglise Notre Dame des Sablons sont déjà en bonne voie.
Le 12 juin 1248, ayant mis de l'ordre dans les affaires de son royaume et confié la régence à sa mère Blanche de Castille, Saint Louis va recevoir de l'Abbé St Denis, l'escarcelle* et l'oriflamme* rouge et verte du légat du pape.
Le roi quitte Paris, descend la Saône, reçoit à Lyon la bénédiction pontificale et arrive à Aigues-Mortes en aout 1248. Aucun souverain étranger ne devant participer à cette croisade, elle revêt un caractère strictement français. Mais tout le royaume s’est croisé!

Par cette nouvelle expédition, il s'engage doublement: D'une part, il veut prolonger cette longue tradition chrétienne qui veut que face à l'Infidèle, le succès soit toujours remis en cause et d'autre part, il obéit à des modalités politiques qui l'incitent à occuper l'oisiveté des seigneurs du royaume, inclinés à satisfaire un goût d'indépendance qui menace l'unité de la couronne.

 

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