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Le maître d’école aux champs.

Du temps de mon enfance, qui paradoxalement, tout en s'enfuyant revient plus souvent, et plus nettement à ma mémoire, j'eus pour instituteur -à l'époque on l'appelait Maître- Monsieur Courteroche, en fin de carrière, un peu usé par le métier, colérique et redouté pour ses taloches. 

 


 
Sa devise souvent répétée à nos oreilles de petits paysans, "vous en saurez toujours assez pour aller au cul des vaches" laisse assez imaginer dans quelle estime il nous tenait, et l'empressement qu'il mettait à nous instruire.

Il avait la morphologie de Louis seize, un peu rond et gras, il aimait aussi la bouteille, la chasse et par dessus tout mettre des gifles, nous soulever par les cheveux ou les deux oreilles et se moquer de nous.

Je me souviens avec un peu de honte, de cet épisode où il raconta que dans ma maison les poules grimpaient sur la table et picoraient dans les assiettes en plein repas…
Ce drôle d'éducateur avait une autre particularité, il aimait la chopine et les après midi, il lui arrivait souvent de s'absenter pour j'imagine piquer une petite sieste.


Il sortait alors un énorme poste de radio, dépliait la grande antenne, et nous mettait france culture en "modulation de fréquence", qui proposait des émissions "scolaires" et s'éclipsait pour un temps plus ou moins long.

Evidemment le calme ne régnait pas longtemps dans la classe et nous étions quelques uns à trouver (déjà), que les programmes de france culture manquaient sévèrement d'humour.
Je n'était pas le dernier à proposer des animations pour meubler l'ennui de mes petits camarades, et je dois dire que j'avais un certain succès quand je m'enhardissais à aller devant le tableau noir pour singer le maître absent.
Bien sûr les rires me grisaient et m'incitaient à aller de plus en plus loin.
Si bien qu'un jour les camarades aussi excités que moi me poussent à grimper sur le bureau et pousser la chansonnette.

Cabot je ne fais pas prier et j'entame magistralement "ils ont des chapeaux ronds, vive la bretagne…" chanson folklorique apprise sans doute en colo.
Prévoyant, j'avais demandé à un camarade de surveiller la porte d'entrée pour prévenir tout retour inopiné de l' instituteur.

Manque de chance la classe comportait deux portes, et au moment ou je termine la fin salace du refrain, les fous rires de mon auditoire s'arrêtent net et Monsieur Courteroche fait son entrée dans un silence de mort, par la porte non surveillée.

Je ne me rappelle plus la sanction ni le nombre de gifles et de coups de pieds au cul, mais je crois qu'il y était allé de bon coeur, et à l' époque on avait pas l'idée d'aller se plaindre aux parents sous peine de voir l' addition s' alourdir.

Ce drôle de pédagogue avait une conception bien à lui de sa mission:

Ainsi dans ces années là, où le village se mourait, les effectifs baissant, il était à craindre la suppression d'une classe sur les deux que comptait la commune , et de son poste par la même occasion.

Eh bien notre hussard avait trouvé la solution pour sauver son poste et son logement de fonction :
L’ année de mon CE2 tout le monde redoubla, sans exception, et l'année suivante, même tactique il proposa de faire redoubler tous les CM1, donc les mêmes élèves, dont moi évidemment.
Là, quelques parents dont les miens commençaient à trouver la méthode un peu cavalière et alertèrent l'inspection départementale.

L’inspecteur se déplaça, quelques jours après la rentrée de janvier, pour se rendre compte de la situation; quelle ne fut pas sa surprise de trouver un groupe d’élèves dont je faisais partie, en train de jouer sur la place du village, à l’heure où nous aurions du être en classe.
Le fonctionnaire nous interpella pour nous demander pourquoi nous n’étions pas à l’école.
Nous lui répondîmes bien simplement que nous étions encore en vacances, réponse qui sembla le stupéfier.

L’explication était simple l’instituteur possédait quelques rangs de vigne dans le tournugeois et s’était octroyé quelques jours de congé pour terminer la taille des ceps.

Ce fut le grain de sable  qui fit déborder le vase, et peu de temps après le maître d’école indélicat, amateur de Chardonnay fut non pas révoqué, mais déplacé dans une autre école, il en garda m’a t on dit une haine féroce pour le village tout entier.

 

 

Commentaires

  • C'est étrange Guy comme ton récit renvoie à l'enfance. J'avais la chance d'être en ville et au contraire de toi on me fit "sauter" la classe de CE2..
    Le maître que j'eus en CM1 me rappelle le tien
    Il avait une chevalière en forme de tête de mort, c'était un "rapatrié" d'Algérie et son principal plaisir était de frapper la tête du cancre de la classe avec et de lui envoyer valser la tête sur le tableau noir!

  • Didier, figure toi que moi aussi j'ai sauté une classe: le CP car je savais lire grâce à ma grand mère, en arrivant à l'école- à l'époque, la maternelle n'existait pas à la campagne- mais ce bougre d'imbécile de "Maître" incompétent a choisi de me faire redoubler le CM1, comme le reste de la classe, oui tu m'entends bien, et ce pour préserver ses effectifs, et donc son poste à cette époque où la population du village dégringolait chaque année...cette enflure nous agonisait de son mépris nous et nos parents....

  • C'est étrange Guy comme ton récit renvoie à l'enfance. J'avais la chance d'être en ville et au contraire de toi on me fit "sauter" la classe de CE2..
    Le maître que j'eus en CM1 me rappelle le tien
    Il avait une chevalière en forme de tête de mort, c'était un "rapatrié" d'Algérie et son principal plaisir était de frapper la tête du cancre de la classe avec et de lui envoyer valser la tête sur le tableau noir!

  • Didier le noble art d'enseignant regorge de psychopathes et d'imposteurs aussi nuisibles que pervers sans compter les véritables inadaptés sociaux qu'héberge généreusement "l'éducastration " nationale je les connais bien... j'en fait partie....

  • Ça a bien changé...

  • Monsieur Tom a fait dans le concis à ce que je vois; oui ça a bien changé fort heureusement...
    Je crois que ce qui n'a pas changé c'est les élèves, toujours prompts à faire les andouilles et les guignols pour amuser la galerie....n'est ce pas....?

  • Tous les Maîtres d'école ne se ressemblent pas... heureusement ! J'ai eu une grand-mère décédée à 89 ans en 1973 qui a obtenu son certificat d'études à 12 ans, et qui à 88 ans se souvenait encore de chaque département de notre beau pays, de sa préfecture et sa sous-préfecture . Mais en ce temps-là, les enfants qui avaient la chance d'aller en classe, avaient vraiment la soif d'apprendre... Ils respectaient leur maître, ils étaient bien plus obéissants.
    J'ai eu une maîtresse que j'appréciais énormément malgré son autorité.
    Guy, vous n'étiez guère sage !....

  • Minouche je n'ai "pas tous les jours été très sage", il est vrai, mais il fallait bien passer le temps et s'occuper, et puis j'avais cette propension à faire le clown, que notre mauvais maître a sans le vouloir fait prospérer. Mes petits camarades ont aussi beaucoup oeuvré pour ma carrière d'amuseur en applaudissant à mes singeries.
    C'est un nouvel instituteur de Sennecey, au CM2, qui m'a repris en main et a fait de moi le meilleur élève de sa classe, je lui rends grâce et le remercie du fond du coeur.

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