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Scandale au cimetière.


Nous étions à la fin de l’été, un été chaud et solaire, les jours avaient un peu raccourci, la chaleur était moins étouffante, et la pluie bienvenue avait désaltéré les sols desséchés par la canicule.

 

 

Le conseil municipal avait décidé de relever plusieurs tombes dans le cimetière.
Relever une tombe consiste à déterrer les restes d’une vieille sépulture abandonnée par la famille et rendre libre l’espace pour un nouveau défunt.

Dans ce cas on recueille respectueusement les restes des morts, qu’on replace au fond de la fosse qui va accueillir un ou plusieurs pensionnaires pour le dernier voyage.

La mission avait été confiée au croque-mort du village voisin, qui avait envoyé son ouvrier pour faire le travail.

Malheureusement le tâcheron manquait de délicatesse ou d’expérience, il avait creusé et sans doute récupéré la plupart des ossements, mais avait fait le tri grossièrement et pire il avait déversé et étendu la terre ôtée de la fosse sur le domaine public, dans une petite dépression, près d’une mare à l’entrée du village.

L’indignation était grande chez les villageois, qui n’avaient pas tardé à se rendre compte de la goujaterie et avaient repéré des restes humains et des morceaux de vêtements sur le lieu du forfait.

Le conseil municipal dont je faisais partie fut mis en cause et sévèrement pointé du doigt pour avoir laissé perpétrer un tel outrage aux morts du village.

La réunion du conseil suivant ces évènements fut houleux, des villageois scandalisés s’étaient déplacés pour y assister et nous faire part de leur reproches et de leur mépris.

Bien sûr nous, les élus, défendions notre bonne foi, nous avions été abusés par l’indélicatesse du fossoyeur, et chacun de défendre son honneur, en accablant le misérable et son acolyte indélicat.

Je me souviens qu’un d’entre nous avait décrit comment le croque mort, également pompier volontaire, accompagnait parfois deux fois de suite la même clientèle, une fois sur les scènes d’accident de la route, une autre fois dans son corbillard; il allait même plus loin, sous entendant que le « pompiste funèbre » faisait sans doute le nécessaire auprès des blessés graves pour se fournir de futurs clients….

Je me souviens aussi de ce conseiller qui nous fit tous bien rire en déclarant que le fossoyeur en mal de clients « courait après les morts…. ».

Il se trouve qu’une amie habitait tout près de la mare où avaient été déversés la terre et les restes des ancêtres. Lui rendant visite on s’attable en sirotant un petit Ricard noyé d’eau.
Le sujet de conversation est bien sûr le scandale du cimetière, et le flot de protestations et d’injures dont j’ai été la cible comme tous les élus de la commune.

Quelle n’est pas notre surprise de voir son chien arriver d’on ne sait où, tel Milou avec son os, un fémur entier dans la gueule.

Le brave toutou était allé faire un tour vers la mare et il en avait rapporter ce trophée.

Pas besoin de préciser que j’ai fait disparaître l’os et que j’ai remercié Dieu que le chien ne l’ait pas ramené chez un de mes oncles habitant tout près.

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