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Frère Antoine, "l'abbé coucou".

 

Vous l'avez vu sans doute comme des milliers d'automobilistes, sur le pont qui enjambe l'autoroute des vacances, à hauteur de Macon.


On le surnomme « le moine de l’autoroute"  ou « le père essuie-glace" ou encore "l'abbé coucou" et depuis des années, on peut le voir chaque week-end, accoudé à la balustrade, il reste ainsi, pendant des heures, à contempler le flot continuel des automobiles, une colombe de bois à la main, saluant les automobilistes tel un ange gardien.
Semblant tout droit sorti du nom de la rose, ou du moyen âge, enveloppé dans une vieille bure bleue, Paul Fournel, -lui préfère qu’on l’appelle "Frère Antoine", le nom qu’il s’est choisi à son entrée à l’Abbaye de Citeaux, dans les années soixante- n’est pourtant pas réellement un ecclésiastique, il n’a jamais prononcé ses vœux. « Frère Antoine » est un oblat.

« Je suis poussé par le Seigneur, je souhaite la paix à tous ces gens », explique Frère Antoine. Mais pourquoi ? «Inutile de se poser la question, ça, c’est le secret du Seigneur… ».

Le petit rituel de cet homme placé sous tutelle, ne lui attire pourtant pas que l’amour de ses semblables. Ses débuts ont été difficiles, Frère Antoine a reçu des insultes, parfois même des pierres. « Il n’y avait que les gendarmes qui me disaient de continuer, que c’était bien ce que je faisais ». Des gendarmes qui n’ont jamais eu à se plaindre du moine de l’A6. Ils reçoivent pourtant régulièrement des appels d’automobilistes inquiets de voir ce curieux personnage penché vers eux.
Un être sensible qualifié de fou par nombre de ses semblables et même par sa hiérarchie, qui a essayé de le dissuader d'accomplir son rituel. Et en effet on peut juger que son comportement est inclassable dans nos catégories de gens adaptés à la vie moderne.
Au moyen âge au contraire, il eut été sans doute dans la norme, parmi ces hordes de mystiques se ruant sur les chemins de pèlerinage, vers Compostelle ou la terre sainte , ces milliers de paysans ou de gueux s'engageant dans les ordres monastiques ou la construction d'églises de prieurés ou de cathédrales.
Aujourd'hui, frère Antoine se fait rare, il vit dans un petit logement dans les faubourgs de Mâcon. Il peine à marcher, il consacre l'essentiel de son temps à fabriquer des petites croix en bois. Il scie, il ponce, il vernit.
Mais il garde son regard d'enfant émerveillé sur les hommes et sur le monde, pour moi il est comme une petite lumière de bonté et d'humilité, témoin d'un autre âge où les valeurs humaines étonnemment inversées mettaient la recherche de l'absolu infiniment plus haut que celle de l'éphémère.
Qu'il soit remercié d'exister et de nous appeler le temps d' un instant à faire une pause, ou un pas de côté dans nos vies trépidantes et d'écouter le silence du mystère, et pour quoi pas l'appel du merveilleux et du divin.

https://vimeo.com/42889629

 

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