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  • 17)Les seigneurs de Brancion.

    LES SEIGNEURS DE BRANCION 
    
    
    
    D'où venaient ces hommes puissants qui choisirent le roc escarpé de Bran- 
    don pour y bâtir leur château fort et qui prirent leur nom de ce lieu ? Ce 
    sont des hommes de la conquête, et bien certainement de la conquête bur- 
    gonde ; leurs noms, — Warnulfus, Galterius, Bernardus, Willelmus, Landricus, 
    Gausceranus, — sont germains. Celui qui fut la tige de la Maison de Bran- 
    don devait être un guerrier renommé, un compagnon d'armes de Gondi- 
    caire, et, lorsque Gondioc, successeur de Gondicaire, partagea les terres con- 
    quises entre les Bourguignons et les Gallo-Romains, ce premier Brancion 
    reçut en récompense de sa valeur de grandes possessions, d'immenses terri- 
    toires, dans lepagus Cabilonensis et dans le pagus Matisconensis. Toutefois on 
    ne peut suivre la généalogie des Brancion depuis cette époque, parce que, 
    d'abord, nous n'avons pas de documents remontant si loin dans le cours des 
    siècles, puis, avant le xn c siècle, les seigneurs ne portaient pas encore le nom 
    de leur terre, et, de là, de grandes difficultés pour établir une filiation exacte. 
    Heureusement, cette dernière difficulté n'existe pas pour les Brancion : ces 
    seigneurs étaient si riches, si puissants, qu'on les surnommait les Gros, — 
    nous apprend le vieil historien Pierre de Saint-Julien de Baleurre ; or ce sobri- 
    quet, ce surnom, accompagnant toujours le nom du seigneur de Brancion, 
    Landricus Grossus, Bernardus Grossus, Jocerannus Grossus, — une erreur 
    devient impossible, depuis le xi c siècle, dans la généalogie de cette Maison. 
    
    WARNULPHE OU WARULPHE DE BRANCION 
    
    « En l'an iooo », écrit Guichenon, « vivoit un seigneur de Brancion qui 
    « n'est point autrement désigné au cartulaire de Cluny, et fut père de deux
    « enfans, sçavoir Varulphe de Brancion et Gaultier de Brandon, prévost de 
    « l'Eglise de Mascon '. » Ici, Guichenon se trompe : ce seigneur de Brancion 
    vivant en l'an iooo, et qui n'est point nommé, n'est pas le père de Wamulphe 
    mais Wamulphe lui-même, puisque, en 996, Wamulphe de Brancion est cité 
    avec son frère Gaultier, prévôt de Mâcon, et Letbald, évêque de Mâcon, leur 
    oncle maternel, avunculus. 
    
    Dans le temps que Letbald était clerc, Mayeul, abbé de Cluny, lui donna 
    en précaire, en 978-979, une terre appelée Casoia. Letbald aliéna cette terre; 
    mais Wamulphe de Brancion et son frère Gaultier la restituèrent à Cluny  
    
    11 est encore parlé de Wamulphe ou Warulphe de Brancion dans une lettre 
    que le pape Benoît VIII 5 écrivit aux évoques et aux principaux seigneurs de 
    Bourgogne, contre ceux qui usurpaient les biens du monastère de Cluny 4 . 
    
    JOCERAND I DE BRANCION 
    
    Wamulphe ou Warulphe de Brancion eut pour fils Jocerand. Ce Jocerand 
    nous est seulement connu par une charte, postérieure à 1074, dans laquelle 
    Bernard de Brancion, religieux à Cluny, cite son grand-père paternel, avus, 
    Jocerand, et son père Bernard K 
    
    BERNARD GROS I 
    
    Bernard Gros, fils de Jocerand, est témoin, le 18 novembre 1039, d'une 
    donation faite au monastère de Cluny par une dame nommée Ermengarde 6 . 
    
    Par une charte datée de Cluny, sous le règne du roi Henry, Bernard, sur- 
    nommé Gros, Bernardus cognomento Grossus, donne à l'abbaye de Cluny les cou- 
    tumes qu'il avait sur un manse sis à Montigny, manse tenu par Theudinus; 
    il donne aussi à Cluny un serf nommé Muntelmus et ses enfants 7 . 
    
    Vers le même temps, entre 1040 et 1060, Bernard Gros étant à Mâcon, devant 
    l'autel de saint Vincent, martyr, en présence de l'évêque Gaultier et des cha- 
    noines de l'Église de Mâcon, donne auxdits chanoines la dîme de sa conde- 
    mine de Sercy, dans la paroisse de Sainte-Marie d'Ameugny ' ; il leur cède 
    également un setier de vin et un pain que ses ministres, ses officiers, minis- 
    tri ejusdetn Bernardi, devaient prendre des hommes des chanoines de Mâcon 2 . 
    
    Tout en faisant des largesses aux chanoines de Saint-Vincent de Mâcon, le 
    seigneur de Brancion s'emparait sans scrupule des dîmes et des revenus que 
    l'Église de Mâcon percevait sur des domaines compris dans la terre de Bran- 
    cion. L'évêque Gaultier de Beaujeu le menaça de l'excommunication. Comme 
    alors les puissants barons ne craignaient et ne redoutaient que les foudres de 
    l'Église, Bernard Gros vint, en 1046, demander pardon à l'évêque de Mâcon 
    et restitua au Chapitre tout ce qu'il avait usurpé sur leurs biens K 
    
    Plus tard, entre 1063 et 1070, Bernard Gros, reconnaissant que ses ancêtres 
    avaient injustement retenu la villa de Chissey 4 , villa Ciciacum, fit donation de 
    cette villa aux chanoines de Mâcon. Quelque temps après, Jocerand, Gauscerar 
    nus, et Bernard, fils de Bernard Gros, demandèrent humblement à Drogon, 
    évêque de Mâcon, la cession de cette terre à titre précaire. Drogon accéda à 
    leur requête et leur céda la villa de Chissey de la même manière que l'empe- 
    reur Charles l'avait jadis donnée à l'Église de Saint-Vincent, excepté que 
    l'Église de Mâcon aura la justice sur la terre de Chissey et percevra chaque 
    année, à la fête de saint Vincent, à Chissey, douze deniers de cens. Après la 
    mort de Jocerand et de Bernard, les biens concédés feront retour à l'Église de 
    Saint-Vincent de Mâcon 5 . 
    
    Au commencement de l'année 1070, Bernard Gros, chevalier, miles, remet 
    aux religieux de Cluny, terres qu'il leur avait injustement disputées ; ces 
    terres étaient sises à Saint-Hippolyte, à Montagny et à Vaux 6 ; son fils Jocerand est cité dans cette charte x . A la même date, Bernard Gros fait savoir de 
    nouveau qu'il donne à Dieu et aux religieux de Cluny le clos du Mont a , à la 
    louange de ses fils. 
    
    Bernard Gros, seigneur d'Uxelles, de Brancion et de Blanot, fit construire 
    le château d'Uxelles au temps de saint Hugues, abbé de Cluny 4 ; il alla à 
    Rome demander le pardon d'un anathème qu'il avait encouru pour avoir com- 
    mis des déprédations sur les terres des Clunistes, et, à son retour, il mourut à 
    Sutri $ ; ce décès arriva avant le 10 juillet 1070. 
    
    Bernard Gros avait épousé, en 1035, une dame nommée Ermentrude ou 
    Aremburge. Cette dame nous est connue par les deux chartes suivantes : 
    Ermentrude, femme de Bernard de Brancion, Ertnentrudis, uxor Bernardi Bran- 
    cedunensis, donna au monastère de Cluny, avant la mort de son mari, un 
    manse à Lium y et ce qu'elle avait à Nocles, à Caisiaco et à Macheriaco '. Vers 
    le même temps, Ermentrude, tnulier Bernardi Branceduntnsis, donna au même 
    monastère de Cluny, pour sa sépulture, des terres à Culles, à Collonges et à 
    Chessy 7 . 
    Du mariage de Bernard Gros et de dame Ermentrude vinrent : 
    
    Landric Gros, qui fut seigneur de Brancion ; 
    
    Artaud, doyen de Lourdon ; 
    
    Bernard, prieur de Saint-Marcel en 1093, puis grand prieur de Cluny; 
    
    Landric, moine à Cluny; 
    
    Jocerand, moine à Cluny, mort vers 1 100, inhumé à Cluny ; 
    
    Seguin ; 
    
    Hugues ; • 
    
    Bonspar ; 
    
    Norbert de Brandon, marié à Dalmace de Gintio.
    
    Jocerand et Bernard, moines à Cluny, sont au nombre des bienfaiteurs du 
    monastère. Lorsqu'il prit l'habit religieux, Jocerand Gros, à la louange de son 
    frère Bernard, donna à l'abbaye de Cluny sa condemine de Sercy, à Ameugny, 
    et son pré de Cortevaix a . Le 10 juillet 1070, Jocerand, fils de Bernard Gros, 
    et ses frères Bernard, Bernh ardus, Landric, Hugues et Bonspar, donnent au 
    monastère de Cluny, pour le remède de l'âme de leur père Bernard, une très 
    bonne vigne, unam vineam opiimam, avec la maison, le pressoir et un bois ; le 
    tout sis au comté de Chalon, au pays de Mont K En 1074, Jocerand confirma 
    les anciennes donations faites au monastère de Cluny par ses ancêtres ; ces 
    biens étaient tenus par Dalmace, chevalier de Jocerand, miles meus Dalmacius ; 
    la charte concerne aussi l'église de Saint-Martin dans le village à'Ainai 4 . 
    
    Bernard Gros, moine à Cluny, donne à ce monastère la condemine de 
    Talangunt, une vigne, un serf nommé Rodolphe, la femme de ce serf, leur 
    maison, le manse de Clément, cet homme, sa femme, leur fils, leur fille et la 
    femme de leur fils ; donation faite à la louange de Humbert de Cortevaix et 
    approuvée par Landric Gros, frère de Bernard $ . Quelque temps après, Bernard 
    Gros, frère de Jocerand et fils de Bernard, confirme les donations faites à 
    l'abbaye de Cluny par le moine Jocerand Gros. Celui-ci avait donné à Cluny 
    pour le remède de son âme, de celle de son grand-père paternel Jocerand, de 
    son père Bernard, et de tous ses parents, l'église d'Ainai, en Maçonnais, trois 
    condemines à la grange de Sercy, le pré de Vaurerdla, et la franchise de ses 
    hommes de Confrançon, in Curtfrancean 6 . Vers 1093, Humbert et Roclenus con- 
    firment, entre les mains de Bernard Gros, prieur de Saint-Marcel, une dona- 
    tion faite à cette abbaye par Guy le Roux, leur frère 7 . Bernard Gros devint 
    ensuite grand prieur de Cluny. Son frère Jocerand Gros fut aussi prieur de 
    Cluny ; il reçut en cette qualité, — in manu domni Jo^eranni cognomento Grossi, 
    tune temporis prioris Cluniacensis, — une donation faite à son monastère par  
    Durand de Saint-Nicet et par son frère Guy ; les témoins de cette donation 
    sont les trois nobles hommes Ansédée du Blé, Humbert le Hongre et Geoffroy de 
    Cluny.
    
    Pour le repos de l'âme de leur grand-père paternel Jocerand, de celles de 
    leur père et de leur mère, ainsi que de tous leurs ancêtres, Landric et Bernard, 
    son frère et cohéritier, donnent aux religieux de Cluny, le 6 avril 1087, ce qu'ils 
    possèdent à Malay dans le pays maçonnais. 
    
    On trouve vers ce temps un autre Jocerand Gros, qui me paraît frère de 
    Bernard Gros, seigneur de Brancion. Ce Jocerand est désigné sous le nom 
    de Jocerand Gros du château d'Uxelles de castro Uscela. En 1074, du consen- 
    tement de Guy, comte de Mâcon, Jocerand Gros du château d'Uxelles donne 
    à l'abbaye de Cluny l'église de Saint-Laurent-lès-Mâcon, de l'autre côté de la 
    Saône, un manse à Command, dans la paroisse de Cray, trois condemines à 
    la grange de Sercy, un manse avec un serf nommé Lébald et ses enfants, i 
    Mont, un autre serf nommé Girbaldus avec ses enfants, habitant le village de 
    Casenuoles 6 . 
    
    Le 15 juin 1100, Seguin de Brancion est témoin d'une donation faite aux 
    religieux de Cluny, par Etienne de Neublans, de tout ce qu'il possédait dans 
    les villages de Blanot, de Prayes et de Chissey, au comté de Mâcon 8 . 
    Quelques années auparavant, vers 1096, Hugues li Abondant frère d'Etienne 
    de Neublans, avait donné aux mêmes religieux, entre les mains de Hugues, 
    abbé de Quny, de Jocerand, prieur, d'Artaud, doyen de Lourdon, et en pré- 
    sence de Landric Gros, ce qu'il possédait dans la justice et dans le village de 
    Blanot.
    
    LANDRIC GROS 
    
    Landric Gros était seigneur de Brancion au mois de juillet 1070. Vers ce 
    temps, il donne au monastère de Cluny ce qu'il possède depuis le chemin 
    allant de Talangunto jusqu'au bois de Tremble, jusqu'au village de Taise  et 
    jusqu'au bois de Troncy ; le seigneur de Brancion reconnaît aussi aux moines 
    la possession de tous les biens qu'ils ont achetés ou échangés dans les limites 
    portées dans sa donation ; Bernard Gros, alors grand prieur de Cluny, frère de 
    Landric, autorise cet acte. Par la même charte, Landric Gros donne encore à 
    l'abbaye de Cluny un serf nommé Robert, sa femme, son fils et le manse où 
    habitait ce serf, un autre serf nommé Mus, sa femme, ses fils et leur terre, et 
    tous les serfs qu'il a dans les villages de Command a et de Sercy ; enfin, par 
    ce même acte, Landric Gros et Bernard approuvent une donation faite aux 
    religieux de Cluny, par leur frère Jocerand, d'un serf nommé Engiklmus, de sa 
    femme, de ses fils et de la terre cultivée par cette famille. Témoins : Engel- 
    bert de Cortevaix, Mus de Cray, Bertrand de Vers '. 
    
    Bernard Gros, seigneur de Brancion, avait donné à l'église de Saint-Vincent 
    de Mâcon la villa de Chissey. Après la mort de Bernard, son fils Landric Gros, 
    en présence de Landric, évêque de Mâcon 4 , d'Odon, doyen, et des chanoines 
    de l'Église de Mâcon, confirma la donation faite par son père et y ajouta les 
    droits qu'il pouvait avoir à Chissey. Jocerand et Bernard, moines à Cluny et 
    frères de Landric Gros, confirmèrent également la donation de défunt Bernard 
    Gros. Les témoins de cette charte de confirmation furent : Letbald de Digoine 
    et son fils, Ansédée de la Tour du Blé, Claire de Rais ou de Crais, Jocerand et 
    Ingelbert de Montagny, frères, Humbert le Hongre, Robert de Bresse, Hugues 
    de Fais, Bertrand de Vers $ . 
    
    Malgré leurs nombreuses donations au monastère de Cluny, les seigneurs 
    de Brancion restaient, de père en fils, les ennemis pour ainsi dire irréconciliables des Clunistes; pour ces puissants barons, la force, la violence, rem- 
    plaçaient le droit et, parfois, ils devenaient de véritables brigands de grand 
    chemin. Un jour la sentinelle, la guette, de Brancion signale un convoi sur 
    les terres de Landric Gros : c'étaient des marchands de Langres se rendant à 
    Cluny. Le seigneur de Brancion s'élance à leur poursuite et s'empare de leurs 
    denrées. Cependant, sur les réclamations de l'évêque de Langres et de l'abbé 
    de Cluny, il consentit à en rendre une partie. Mais les marchands, afin de 
    recouvrer le surplus et acquérir la faculté de passer dorénavant sans aucune 
    exaction sur les terres du seigneur de Brancion, accordèrent de lui payer 
    annuellement une redevance. Cet avantage encouragea Landric Gros : à partir 
    de ce moment, il arrêtait, ou faisait arrêter par ses gens, toutes les personnes, 
    — marchands, pèlerins ou autres, — qui passaient sur ses domaines et leur 
    imposait un droit de péage. Comme les religieux de Cluny étaient obligés de 
    payer le péage, cette mesure les inquiétait; ils sollicitèrent et prièrent Landric 
    de s'en départir; à l'instigation de Bernard, chambrier de Cluny et frère de 
    Landric Gros, il fut accordé que, moyennant trois cents sols, ce droit serait 
    racheté du seigneur de Brancion tant pour les moines de Cluny que pour 
    toutes autres personnes passant sur les terres de ce seigneur. Jocerand, fils de 
    Landric Gros, est témoin de l'accord x . 
    
    Vers ce temps, Landric Gros réclamait aux Clunistes un serf, nommé Hum- 
    bert, qui leur avait été donné par dame Amélie ; mais peu après, en 1080, le 
    seigneur de Brancion reconnut que ce serf et sa famille appartenaient bien au 
    monastère de Cluny, confirma la donation de dame Amélie, ainsi qu'une 
    autre donation faite au monastère par Durand Bastart, à la louange de Hum- 
    bert de Cortevaix, et comprenant un journal de terre au long de la condemine 
    de Confrançon *. A peu près à la même date, Landric Gros vendit aux parents 
    de Hugues, célérier de Cluny, un manse à Sercy ' tenu par Gandolgarius ; Lan- 
    dric Gros reçut une cuirasse, unam hrkam, valant cent sols 4 . 
    
    En présence de sa femme Ermengarde, Bernard Gros avait donné au monastère de Cluny une de ses serves nommée Eldiarde, femme de Durand, serf de 
    Saint-Pierre de Cluny, ainsi que ses fils et ses filles. Après la mort de Ber- 
    nard Gros, Landric Gros, son fils et héritier, beres et filius, prétendit que cette 
    serve et sa descendance lui appartenaient. Mais vers i ioo, sur les remontrances 
    d'Artaud et de Bernard, ses frères, en présence de Hugues, abbé de Cluny, de 
    Jocerand Gros, son fils, et à la louange de ses autres enfants, le seigneur de 
    Brandon abandonna ses prétentions et remit Eldiarde et sa famille au monas- 
    tère de Cluny '. A la même date, Landric Gros est témoin d'une donation 
    faite aux Clunistes par Jocerand de Beresi % et, en iioi, il assiste à un accord 
    intervenu entre Eudes, duc de Bourgogne, et l'abbé de Cluny, au sujet de la 
    justice de Givry '. 

     

  • 16)Souvenirs et histoires.

    La vie s'écoule doucement à Rougepont.Je ferre les chevaux des templiers, ainsi que ceux des messires de Brancion, d'Ozenay et la Ferté. Je forge également des outils pour la commanderie, pioches, haches et soc de charrue.

    la vie s'écoule doucement à la commanderie; les saisons s'enchaînent comme les travaux des champs; la vendange et la coupe du bois l'hiver.`

    Je me lève à quatre heures à la belle saison, j'assiste  aux matines, puis je déjeune d'un morceau de lard, de fromage de brebis et d'un verre de vin de nos vignes à Royer.

    Je monte à Martailly . une fois par mois visiter mon frère et mes parents. Ils me font raconter mon épopée et surtout la rencontre avec mon grand frère dans le désert. J'ai deux neveux maintenant; avides de mes récits, ils se préparent pour la prochaine croisade.

    Je leur raconte les exploits de ma jeunesse, ainsi l'hiver 1219:

     

     

    Nous enfants, le visage rouge, les yeux plissés à cause de la neige éblouissante, courions la campagne, avec des rêves d'aventures et d'exploits, suivant des traces dans la neige, patinant sur les mares, essayant d'atteindre quelque corneille avec nos lances pierres. 
    Il nous arrivait, les jours sans école, de passer des après midis entières dans les champs et les bois, sans que nos parents s'inquiètent de notre absence . La campagne toute entière- champs, forêt, étangs, rivière- était notre terrain de jeu, où le temps et l'espace changeaient de dimensions, nous entraînant au fin fond de la Sibérie, ou dans les forêts d'Amérique…. 

    C'était donc un ce ces matins d'hiver radieux, nous nous étions retrouvés avec deux camarades, et partions à la poursuite de nos rêves de gosses dans les vergers transis et les rues enneigées du village, à la recherche de l'inspiration, d'une occupation, si possible une bêtise.

    Les villageois étaient peu nombreux dans les rues : un paysan sortait le fumier tout fumant d'une étable, un autre pelletait la neige pour dégager l'entrée de la maison, une paysanne rentrait du bois dans sa brouette, le bouilleur de cru, sous sa bicoque odorante, montait sa chaudière en pression dans un nuage de vapeur, pour cuire le marc et en extraire la précieuse eau de vie….Le marteau du maréchal ferrant s'entendait de loin, tombant en cadence sur l'enclume, forgeant quelque soc, des fers, ou tout autre outil en prévision du retour des beaux jours, et des travaux de la terre.

    En arrivant près d'une maisonnette, on voit une petite vieille, -à l'époque, pour nos yeux d'enfants, une femme était sans doute vieille à partir de quarante ans- mettre son édredon à la fenêtre et aérer la chambre, puis on la voit sortir avec deux pots de chambre, qu'elle va vider dans un massif qui a du contenir des fleurs à la belle saison, puis les retourner chacun sur un piquet de la clôture qui délimite le jardinet, devant sa maison.

    Sans savoir pourquoi, ni ce que l'on peut tirer de la situation, la vue des pots de chambre nous inspire et nous met en joie ; chacun de nous sent qu'il y à matière à s'amuser, et nous nous postons, en cachette, de l'autre côté de la route, à bonne distance des pots qui s'égouttent.

    Assez vite chacun de nous sort son "tire balles", et puise au fond de la poche, quelques beaux cailloux choisis, que nous prenons soin d'emmener dans toutes nos escapades, toujours prêts à exercer notre adresse sur des cibles diverses, animaux, parfois même fenêtres des manants , etc..

    Là l'occasion est trop belle : deux cibles de taille raisonnable s'offrent à nous ; assez vite, au bout de quelques tentatives, un de mes acolytes, atteint un des récipients, et le fait tinter, une autre pierre mieux ajustée le fait voler en éclats, encore quelques tirs et, victoire son voisin dégringole aussi de son perchoir en trois morceaux. Les deux objectifs ont été anéantis, la mission est remplie ; nous sommes aussi fiers qu'un commando en retour d'opération... 

    Hilares, nous restons à couvert car le plus jubilatoire est bien sûr d'assister à la réaction de la dame quand elle découvrira notre forfait.

    Elle ne tarde pas à revenir au bout de quelques minutes pour récupérer ses deux vases de nuit, la voisine est sortie également de sa maison, elle est en train de jeter quelques poignées de gros sel sur le seuil de sa maison pour essayer de faire fondre le verglas.
    Les deux femmes devisent sur le froid glacial de la journée et ce vent du nord qui mord et qui rougit les trognes.

    _"je crois bien qu'il fait encore plus froid qu'hier" dit la première,

    _"je pense bien" dit la seconde

    "C'est la première fois que je vois ça, il gèle si fort que ça a en fait péter mes pots de chambre…" 

    Nous nous esquivons discrètement, tordus de rire, pour aller savourer notre victoire et ce haut fait de guerre, qui demain, aura surement fait le tour du village et fera l'essentiel des discussions à la messe de dimanche.

     

    Je leur raconte encore la dispartion de tante Marguerite qui s'est perdue dans les bois de Corlay, à l'hiver 1220.

    Elle s'est assise sur ses fagots au pied d'un grand chêne, elle reprend son souffle, la tête lui tourne un peu, une légère angoisse a remplacé l'inquiétude car le jour est tombé sans qu'elle s'en rende compte, la nuit n'est pas encore là, mais la forêt s'est assombrie.

    La vieille était partie au milieu de l'après midi de cette mi décembre, où les jours sont si courts, mais le ciel était bas, et le temps à la neige ; elle était entrée dans les bois « en Baignue ", dans les affouages de l'hiver à venir, là où les portions avaient déjà été éclaircies par les "modernes" et les "baliveaux" déjà gros. Le bois mort y était facilement accessible sans qu'elle eut à se griffer aux ronces, aux épines noires ou aux églantiers.
     
    Elle était partie droit devant elle comme elle l'avait fait tant de fois dans son existence ; les bois étaient une ressource quasi inépuisable à toutes les saisons de l'année : elle y venait au printemps, chercher des mousserons, des pieds de moutons, elle en profitait pour ramasser quelques brins de muguet pour embaumer la maison.
    Elle y venait l'été faire pâturer ses deux chèvres, lorsque l'herbe se faisait rare et sèche le long des chemins, alors que les bois gardaient un peu de fraîcheur et d'humidité dans les clairières. 
    Elle y venait à la fin de l'été, elle savait où trouver les trompettes de la mort, les chanterelles, les cèpes, les noisettes ou quelques mûres.
     Elle y était aussi venue l'hiver, dans sa jeunesse, apporter le casse-croûte et le litre de vin rouge, à son père, Eugène et à ses frères, qui abattaient et fendaient le bois. 
     
    Donc elle était rentrée dans la forêt, confiante, dans cet endroit sûr et accueillant malgré le poids du ciel lourd et bas, de ses nuages gris chargés de neige, dans cette futaie nourricière, source de bois de chauffage, de fruits, et même de gibier pour les hommes. 
    Les bois étaient silencieux, transis par le froid sec de décembre, ses pas crissaient dans une petite croûte de neige sèche et craquante.
     
    Elle ne souhaitait pas s'attarder et voulait ramener un peu de bois mort juste pour avoir de quoi allumer sa cheminée, demain matin et le dimanche qui suivait.
     
    Elle marchait, courbée, sans se préoccuper de son parcours, au bout d'une heure environ, elle avait rassemblé des branches en une dizaine de petits fagots, ficelés avec une écorce de saule.
    Elle comptait rentrer avec deux ou trois fagots, et laisser les autres, qu'elle viendrait chercher dans quelques jours. 

    Elle s'avisa de retrouver la lisière de la forêt pour rentrer à la maison ; elle se releva et se retourna pour faire le point et aviser du plus judicieux ; il lui sembla que le chemin devait être à quelques cent ou cent cinquante mètres, au plus, droit devant et se mit en route. 
     
    Elle avançait, sûre de trouver un lignon, qui la ramènerait à la sommière qui la conduirait à la lisière de la forêt, puis de la mare de "Baignue", elle rentrerait alors par Nully ; au besoin elle ferait une halte chez sa cousine Julitte ; Dans vingt-cinq minutes, une demi-heure au plus, elle serait devant la chaude cuisinière, qu'elle chargerait pour le souper et la veillée, et sur laquelle mijotait une soupe au lard.
    Elle avança ainsi droit devant elle pendant une centaine de mètres, puis elle obliqua vers la droite car il lui semblait distinguer une clarté dans les branches.
     
    Elle avança encore d'une bonne centaine de mètres et s'arrêta, perplexe, regarda derrière elle, essaya de juger de sa position en cherchant la lumière du couchant bien difficile à déterminer dans cette après midi nuageuse et blafarde.
     
    La direction à prendre lui semblait tout à coup moins évidente.
     
    C'est Lucien Laborier, un solide gaillard de vingt ans qui l'a trouvé, au petit jour : Marguerite était allongée, à l'abri de la bise au creux d'un fossé à sec, sur un lit de feuilles mortes au pied d'un grand chêne, elle avait atteint la lisière de la forêt ; Elle avait attaché son foulard, mis ses habits en ordre.
     Elle semblait avoir attendu le sommeil, paisiblement, sans colère, ni même d’inquiétude, elle donnait l’impression d’avoir accepté, sans chercher à comprendre, juste peut être ce sentiment du mystère qui s'impose : c'est donc pour aujourd'hui.

    Jean Baptiste et Léon, ses deux fils accompagnés des villageois, s'étaient lancés à sa recherche la veille au soir, mais avaient dû abandonner, à cause de la nuit, épuisés par des heures de marche dans le froid, écorchés par les gifles des branches, sans voix d'avoir appelé en vain mille fois " maman". 
     
    C'est Jean Baptiste, le plus jeune, qui ramena sa mère dans ses bras comme elle même l'avait porté des centaines de fois, Léon suivait avec les deux misérables fagots.
    Le docteur Maurel prévenu, attendait dans la cuisine ; Marguerite allongée sur son lit, il constata le décès, présenta ses condoléances aux deux fils mais ne dit mot de sa visite trois jours plus tôt à leur mère.
    Cette vilaine grosseur, à la gorge, avait encore grossi, la fatigue et la douleur ne quittaient plus la vieille femme, le rebouteux avait bien évoqué l'hôpital de Chalon ; Marguerite n'avait pas répondu, ou plutôt si, par un petit hochement de tête qui aurait pu ressembler à un oui, mais qui voulait surtout dire : " pas pour moi". 
     
    Nous étions autour du 20 décembre, pour les deux frères, ce serait leur premier Noël sans leur mère. Jean Baptiste en déliant le fagot de bois mort, y trouva un petit bouquet de houx, il le mit devant la crèche comme sa mère le faisait à chaque Noël, et pleura, attendri par ce dernier et silencieux message d'amour.

    Je raconte toujours:

    Presque tous les Brancion se sont croisés. Bernard Gros II prit même deux 
    fois la croix, et ce n'était pas trop pour expier un forfait dont la légende a per- 
    pétué le souvenir. — Le terrible baron assiégeait le château fort de Lourdon 
    appartenant à l'abbaye, et mettait tout le pays à feu et à sang. L'abbé lui 
    envoya un messager porteur de pieuses remontrances, avec menace d'ana- 
    thème s'il continuait ses exactions. Bernard alors entra dans une épouvantable colère. Il fit attacher le moine ambassadeur â la queue d'un bœuf qu'on ren- 
    dit fou en lui allumant un fagot entre les cornes. L'animal exaspéré par la 
    douleur devint enragé; il fonça tête baissée à travers les bois en poussant d'af- 
    freux beuglements, et accrocha lambeau par lambeau, aux ronces des halliers, 
    le corps de la malheureuse victime. Bernard ricanait; mais la nuit il fut 
    réveillé tout à coup par des bruits souterrains semblables aux mugissements 
    d'un bœuf affolé : il sauta de sa couche, tendant l'œil et l'oreille : tout repo- 
    sait autour de lui, et la forêt dormait dans l'épaisseur des ténèbres. Et le 
    bœuf continuait de mugir en lui. Alors il comprit et fit vœu d aller en Pales- 
    tine. Revint-il ? On ne sait. Mais immortelle est la voix du remords, car, 
    aujourd'hui encore, pendant les nuits d'orage, aux flancs d'Huxelles et de Bran- 
    don, les gens du pays racontent que l'on entend beugler le bœuf enragé, et cer- 
    tains même assurent l'avoir entendu à diverses reprises en passant devant la 
    beurne de la garaude, grotte dont l'orifice débouche à la rencontre du chemin 
    de Royer et de Martailly 

    Le fils de Bernard Gros, Jocerand, dépassa les méfaits de son père. Ce fut 
    un effroyable bandit, détrousseur des marchands, terreur des Clunistes, tant 
    et si bien que l'évêque de Mâcon dut implorer la protection du roi. Certes 
    Louis VII n'était pas homme à s'indigner de peu : celui qui avait grillé les 
    treize cents malheureux réfugiés dans l'église de Vitry, et laissé à la ville le nom 
    sinistre de Vitry-Ie-brÙlé y n'avait pas des scrupules de petite fille. Il fallait que 
    la situation fût vraiment intolérable pour qu'il intervînt. Il vint donc mettre 
    un terme aux maléfices de Jocerand, mais il n'eut pas plutôt le dos tourné que 
    l'autre recommença de plus belle, et que le pape Eugène II dut brandir les 
    foudres de l'excommunication. Cette fois, il ne restait à Jocerand d'autre recours 
    que la croisade. Là du moins on pouvait ravager à cœur joie, puisque c'était 
    œuvre pie de déconfire les infidèles, et qu'on gagnait son salut à occire les 
    mécréants. Il se disposait à partir à la suite du roi quand la mort le surprit, 
    trop tard pour ses voisins et trop tôt pour son âme. 
    
    Avec Jocerand III, nous arrivons au plus illustre de la famille. Valait-il mieux  
    que les autres? Je le veux, puisqu'il eut la fortune de trouver un Homère en 
    Joinville, et que la gloire, aube toujours nouvelle, a doré à jamais son blason. 
    — A peine avait-il succédé à son père, qu'il fit partie de cette courte expédi- 
    tion en Palestine, qu'on ne compte pas parmi les croisades, et que les chro- 
    niqueurs appellent le passage des barons, rêvant prouesses et coup d'estoc. Il 
    faut croire qu'il y prit goût, car il y retourna aux côtés de saint Louis. Il fut de 
    ces héros qui chargeaient joyeusement à Mansourah en se criant dans la 
    mêlée : « Seneschaus lessons huer ceste chien nai lie ! Par la quoife Dieu, encor 
    « en reparlerons-nous de ceste journée es chambres des dames! » — Le moyen 
    en effet de ne pas accueillir, au retour, les récits de ces vaillants avec « soubriz, 
    eillades, et menus suflraiges de gualanterie ? » Hélas, le pauvre sire n'en reçut mie ! 
    Il fut navré malement et périt sur le champ de bataille; et l'on ne peut refu- 
    ser un souvenir ému à ces preudhoms, cœurs naïfs, à la fois durs et tendres, 
    partis pleins d'espérance, et se disant tout bas comme Joinville : « Or pendant 
    « que je aloie, je ne voiz onques retourner mes yeux, pour ce que les cuers ne 
    « me attendrisist dou biau chastel que je lessoie, et de mes dous enfans. » 
    
    Je ne sais si Jocerand avait deux enfants; mais, si l'on en croit la légende, 
    et pour essayer de parler la langue de Froissart qui donne un attrait de plus à 
    ces vieilles histoires, « il avoit une fresche espousée, jeune, belle, preude et 
    de bon gouvernement. Et se despartit d'elle amiablement tout ainsy que che- 
    valiers font quant vont es lointaines marches. » — Mais qui peut s'assurer 
    contre le temps et l'absence ? La solitude est mauvaise conseillère, l'ennui un 
    grand tentateur. Qui donc veillerait sur son honneur et aurait l'œil aux entre- 
    prises des voisins sur les charmes d'une si jolie châtelaine? « Car qui la 
    veoyoit tant belle et atournée s'en estomiroit et ne se pouvoit tenir de la reguar- 
    der à merveille, ny de remirer à la grand'noblesse de la dame, pour ce qu'à 
    tous estoit advis qu'oncques n'avoit-on vu aultre si noble, ny frique, ny adve- 
    nante, ny tant bien faicte à aimer comme elle. » 
    
    Or le bon chevalier avait un vieil écuyer, homme « saige et apensé » qu'il 
    commit à la garde de sa femme, et ce fut prudemment fait. — Celle-ci, 
    comme on s'en doute bien, passa les premiers temps de son veuvage « de noir 
    vestue, en grand'mélancholie : 
    
    
     
    Un mois de la sorte se passe ; 
    L'autre mois, t>n l'emploie à changer tous les jours 
    Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure : 
    
    Le deuil enfin sert de parure, 
    
    En attendant d'autres atours. 
    
    Çest la fable du bon Lafontaine. — « Or avoit ladicte dame un usaige tel que 
    trèsvoluntiers au matin, es jours chaulds et que fit bel et clair, s'envenait se 
    seoir sus une tronche qui là avoit esté du temps passé amenée pour ouvrer 
    au chastel ; et ci se faisoit elle pigner et coëffer, reguardant le pais d'environ, 
    oyant chanter oyselets dessoubs la feuillée, sospirant à leurs esbats, par quoy 
    se ramentevoit son chier sire Jocerand. Et souventes fois lui advenoit que se 
    parvestoit et appareilloit là de tout poinct, laissîant cheoir sa cotte de nuict en 
    auculne guarde, pour ce qu'estoit en nulle doubte ny souspeçon d'espie de 
    nulcosté. » 
    
    Mais elle se trompait, la belle châtelaine. Un œil indiscret l'épiait à loisir, celui 
    d'un bel adolescent qui, grimpant aux pentes du château, se cachait dans la 
    broussaille. Et un jour qu'elle levait la tête à un léger froissement de feuilles, 
    elle crut distinguer entre les branches, près d'elle, une blonde figure qui la 
    dévisageait : « de quoy se rajusta vistement toute vergoigneuse, et rentra soub- 
    dain, et se print à songier, car lui avoit semblé qu'avoit le damoisel bonne 
    grâce. — Et vous diray pour moy qu'ay en mon temps veu moult chevaliers, 
    roys, princes et aultres ; ains que n'en vys oncques nul qui fust de si beaux 
    membres, de si belle forme, de si belle taille et visaige bel, sanguin et riant, 
    les yeulx vairs et amoreux là où luy plaisoit son reguard asseoir. Adoncques 
    s'en revint plus souvent se seoir ladicte dame audict lieu. » 
    
    On devine la suite. Une cbamberière s'aperçut du manège et en avertit l'écuyer 
    qui, sachant bien que tôt ou tard sonnerait l'heure du berger « et aurait le 
    gualant ses voluntés d'ycelle, » s'embusqua derrière un gros buis, le guetta et, 
    pour mettre fin au pourchas, le tua net d'un carreau d'arbalète, « car il estoit 
    fort homme et de bras roide et légier. » Sur le lieu du meurtre, on éleva une 
    croix, tant pour le pardon de son âme que « pour avoir les larrons exemple