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Le beau cadeau de Djinn.

 

Je l'ai brossé longtemps, doucement,
Il est calme, attentif, 
Calin, égal à lui même, pas d'inquiétude, 
Tout en sérénité, pas de tristesse dans son oeil,
Il regarde les autres chevaux au fond qui caracolent.

 

Je l'ai fait beau, il a son poil brillant comme au premier jour. 
C'est ce que je voulais: qu'il parte comme il était arrivé dans nos vies, fier, tranquille et splendide.

La mort n'est rien, on lui fait trop d'honneur avec nos craintes et nos angoisses. 
C'est la vie qui doit retenir notre attention.

Léa est venue, apaisée elle aussi, triste,
Mais elle semble avoir apprivoisé
Sa peur et son chagrin, elle est rayonnante,
Comme si elle avait pris le dessus sur sa douleur,
Comme si c'est elle qui la tenait en respect
J'ai aimé la voir ici, humble et forte,
Grave et courageuse, venir affronter un de ses pires cauchemars. 
Elle a vu son bel athlète, s'est approché, l'a caressé avec douceur et gravité, 
Est restée un peu, a regardé cette jambe brisée et flageolante. 
Elle l'a caressé une fois encore, il a croqué les pommes qu 'elle lui a apportées
Puis elle est repartie, sereine je crois, 
D'avoir vu son cheval non pas lamentable et humilié
Mais digne et beau, debout.

Il s'est couché , il est parti très vite, sans violence aucune. 
J'étais calme moi aussi, sûr de faire ce qu'il fallait
Pour que Djinn ne finisse pas sa vie dans une stalle de clinique,
Loin de ses prés, appareillé, charcuté, diminué, enlaidi par
L'acharnement et notre orgueil à refuser la réalité.

Je suis heureux de cela, de lui avoir offert cette sortie vers l'ailleurs
Digne simple et limpide.

Bien sûr il ne sait pas, lui, tout ce qu'il emporte avec lui
De nos souvenirs, de notre jeunesse, de notre enfance. 
Et ce qu'il nous laisse aussi de chagrins, de remords et de regrets.

Mais peut être est ce cela son dernier cadeau:
Sa vie pour nous dire de ne plus attendre
Sa vie pour nous dire de ne plus pleurer, de ne plus trembler. 
Comme lui, faire face, tranquilles, à la souffrance, même à la mort, 
Sans panique, et vivre, vivre, vivre. 
Retrouver dans nos coeurs, notre jeunesse, notre insouciance et nos âmes d'enfants.

J'aimerais devenir capable aussi d'admettre cette éventualité de la séparation,
Et cette liberté qu'ont les êtres de m' échapper,
Même dans la mort, 
Sans que cela ne fasse s'effondrer le monde.

Commentaires

  • quel bel au revoir a un amis !!

  • Merci Guillaume....une biche, doux et gentil, et fort avec ça, je l'ai fait monter par un anglais de 110 kilos, le courageux Djinn l'a porté au grand galop....

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