Des poulardes, des chapons, des dindes, des cailles des paons, des lièvres, du coti, de la rouelle, des saucisses, des casquettes et des bérets, rien de superflu que de l’essentiel...
Ici, pas de guirlandes, pas de babioles made in china ou très peu, surtout pas de ces ridicules chalets pour faire folklo avec leur sapin en plastique et leur neige artificielle.
Aux confins de la Bresse et du Jura, le marché de Louhans attire depuis le moyen âge, clients et marchands, badauds et bonimenteurs, commerçants, producteurs de volailles, éleveurs de boeufs ou de chevaux, tripiers, charcutiers, viticulteurs, forains....
Les origines des foires et marchés de Louhans remontent au moyen-âge et leur développement coïncide avec celui de la cité et la construction des premières Arcades.
Sous Louis XI, les marchés se déroulaient déjà le lundi et une dizaine de foires avaient été instituées par les Seigneurs de Vienne.
Au XVIème siècle l'essor des marchés est basé sur la vente de bétail, de beurre, d'œuf et des draps. La volaille de Bresse fait son apparition.
Au fil des siècles le marché confirme sa réputation régionale et bien au-delà, notamment au XIXème siècle où Louhans devient capitale de la Bresse Louhannaise.
Le marché n’est pas là quinze ou trente jours par an, il a lieu tous les lundis depuis la nuit des temps, et une semaine sur deux s’y rajoute une foire aux bestiaux.
On y vient de toute la Bresse, mais pas seulement ; les jurassiens, les voisins de Côte d’or se déplacent aussi, non pour faire couleur locale ou pour se la jouer authentique, mais pour se nourrir, se vêtir, se chausser ou s’équiper, pour vendre aussi sa production.
On y voit aussi des tronches et des gueules de bressans, rudes et chaleureuses, tannées par les étés, burinées par les hivers et les travaux de la terre, qui se retrouvent chez la mère Jouvenceau pour manger les tripes ou la tête de veau, à la fin du marché.
Le marché de Louhans est attesté en 1269, il a vu passé plus de dix guerres dont celle de cent ans, et des crises en veux-tu en voilà, dont la grande peste de 1345, sans s’en émouvoir outre mesure.
Il est assez étonnant, à l’ère des hypermarchés, de voir perdurer ces marchés anachroniques et pourtant tellement plus humains.que ces méga grandes surfaces, impersonelles, glaciales et chères.
Louhans est la capitale de la Bresse du même nom, une terre d’histoire et de saveurs, où l’on élève le poulet éponyme, la poularde, le chapon, et quantité d’autres volailles introuvables en supermarché : dindes fermières, pintades faisans et autres cailles.
A l’image de nos campagnes et de leurs paysans qui résistent en silence, le marché de Louhans regardera passer la prochaine crise qu’on nous annonce à grand fracas avec un haussement de sourcil et continuera pour un siècle et plus, à rassembler paysans et citadins, bourgeois et manants dans la chaude communion du vin cuit et de l’andouillette.
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